Décès d’une pionnière de l’exégèse sémiotique et des études féministes
Olivette Genest a été une figure marquante de la Faculté de théologie et de sciences des religions de l’Université de Montréal où elle enseigna de 1976 à 2000. Elle y fit une brillante carrière de professeure, couronnée par l’éméritat.
Ayant débutée son cursus de théologie à l’Université Laval en 1966, elle obtint ensuite un doctorat de l’Université grégorienne de Rome. Elle fut également étudiante au séminaire structuraliste d’A.-J. Greimas à Paris.
Théologienne, interprète de la Bible, intellectuelle reconnue pour la rigueur de sa pensée, elle a approfondi particulièrement deux thématiques : la signification théologique de la mort de Jésus (en critiquant l’interprétation sacrificielle traditionnelle) et la question de l’ordination des femmes aux ministères ordonnés.
Elle contribua grandement à la lecture sémiotique de la Bible, entre autres par le groupe de recherche québécois Aster (Atelier de Sémiotique du TExte Religieux) dont elle fut l’une des animatrices, mais aussi par ses liens de recherche avec le Cadir (Centre d'Analyse du Discours Religieux) de l’Université catholique de Lyon. À l’Université de Montréal, elle participa longtemps à un séminaire de recherche interdisciplinaire annuel, « Le féminisme au carrefour des disciplines ». Elle fut également très active comme membre de la Studiorum Novi Testamentum Societas (société internationale d’étude du Nouveau Testament). Au plan ecclésial, elle s’impliqua résolument dans la réflexion du groupe « Femmes et ministères ».
En 1990, l’Assemblée des évêques catholiques du Québec l’incluait dans une liste sélecte des « cinquante femmes du Québec qui ont contribué de façon exceptionnelle à illustrer les compétences des femmes dans divers secteurs de l’activité humaine. » – c’était à l’occasion du cinquantième anniversaire du droit de vote des femmes au Québec.
Olivette Genest est décédée le 4 janvier 2024. Son autobiographie intellectuelle et une liste de ses publications sont disponibles dans un livre hommage publié par des collègues peu après sa retraite de l’Université de Montréal (A. Gignac et A. Fortin [dir.], « Christ est mort pour nous ». Études sémiotiques, féministes et sotériologiques en l’honneur d’Olivette Genest. Montréal, Médiaspaul, 2005). Outre ses nombreux articles scientifiques et ses écrits de vulgarisation, mentionnons deux monographies d’envergure : Le Christ de la passion. Perspective structurale (Montréal, Bellarmin, 1978) et Le discours du Nouveau Testament sur la mort de Jésus. Épîtres et Apocalypse (Québec, Presses de l'Université Laval / Corporation Canadienne des Sciences Religieuses, 1995).
Conformément à la volonté de la famille de Madame Genest, une cérémonie privée est prévue au printemps.
L'Institut d'études religieuses offre ses sincères condoléances à sa famille et à ses proches. Nos pensées et prières les accompagnent.
Alain Gignac, directeur de l’Institut d’études religieuses, Université de Montréal
Monographies d’Olivette Genest :
- Le discours du Nouveau Testament sur la mort de Jésus. Épîtres et Apocalypse
Québec, Presses de l'Université Laval / Corporation Canadienne des Sciences Religieuses. / 1995 - Le Christ de la passion. Perspective structurale: analyse de Marc14,53-15,47, des parallèles bibliques et extra-bibliques
Montréal, Bellarmin (Recherches Bellarmin; 21). / 1978
Volume hommage :
- « Christ est mort pour nous ». Études sémiotiques, féministes et sotériologiques en l’honneur d’Olivette Genest
Gignac, A. et A. Fortin, dir. (2005), Montréal, Médiaspaul (Sciences bibliques 14).
Articles :
- Décès de l’exégète féministe Olivette Genest – Présence Info, 22 janvier 2024
- Les Évangiles : conte, fable ou légende ? Forum UdeM, 15 novembre 2019
- Ordinations des femmes – Femmes et Ministères, publications de 1987 à 2012